Le rapport du GIEC récemment publié le montre à nouveau très clairement : un réchauffement de la Terre de 3°C aurait des conséquences catastrophiques pour nous tou·te·s. Près de la moitié de l’humanité est en grand danger en raison du réchauffement climatique. Vagues de chaleur, sécheresses et inondations augmentent, ainsi que les problèmes sanitaires et les baisses de récoltes qui en résultent.
Pour éviter cela, la politique doit agir maintenant – et ne pas attendre les prochaines décennies. A vrai dire, la loi sur le CO2 refusée en juin dernier aurait dû montrer le chemin. Le Conseil fédéral vient de proposer une révision partielle de la loi actuelle sur le CO2. La période de consultation prend fin le 4 avril.
La révision proposée passe complètement à côté de la crise climatique. La Suisse s’est engagée juridiquement sur le plan international pour une politique climatique qui limite le réchauffement global à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle. Le projet du Conseil fédéral vise à réduire d’ici à 2030 les émissions suisses de gaz à effet de serre de moitié par rapport à leur niveau de 1990. Mais cette réduction devrait être en grande partie achetée au moyen de certificats de réduction étrangers. Cela ne suffit pas, car :
- La diminution de moitié des émissions d’ici à 2030 ne suffit pas pour atteindre l’objectif des 1,5 °C. La Suisse utiliserait ainsi toute sa part du budget CO2 restant pour atteindre l’objectif de 1,5°C avant 2030 ! Si les émissions continuent à être réduites aussi lentement, la Suisse se dirige vers un réchauffement de 3 degrés.
- En recourant à des réductions d’émissions à l’étranger (offsets), nous esquivons le problème et ne faisons que le reporter sur l’avenir. Il ne sera plus possible très longtemps d’acheter des certificats de réduction à l’étranger. Dans quelques années, la Suisse devra par conséquent réduire encore plus rapidement ses émissions domestiques. Mais surtout pour les infrastructures durables (comme les bâtiments et leur chauffage), nous devons prendre des mesures le plus vite possible.
- Nous avons besoin de mesures efficaces dès maintenant ! Le Conseil fédéral écrit dans le rapport explicatif relatif au projet de loi : « La mesure dans laquelle les mesures proposées suffiront pour que la Suisse atteigne d’ici à 2030 les objectifs qu’elle s’est fixés dans le cadre de l’accord sur le climat dépend en grande partie de la vitesse de la décarbonation dans les secteurs du bâtiment et des transports. » Mais en fait, les mesures prévues dans la loi dans les secteurs du bâtiment et des transports sont très modestes et totalement insuffisantes.
Dans notre prise de position, nous indiquons les adaptations d’objectifs et les mesures qui seraient nécessaires dans la loi sur le CO2. Nous exigeons du Conseil fédéral des changements majeurs dans le projet de loi. C’est seulement ainsi que nous serons à la hauteur de la crise climatique et des engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat.
Le maintien de l’objectif des 1,5°C est nécessaire et urgent pour protéger nos moyens de subsistance – pour notre sécurité et celle de nos enfants. Plus nous attendons longtemps, plus cela sera difficile et coûteux pour nous tou·te·s. Il est par conséquent incompréhensible que le gouvernement suisse n’agisse pas de façon plus conséquente.
Le 2 mai aura lieu un échange entre la science et le Parlement sur les rapports du GIEC, dans l’objectif de familiariser les décideurs et décideuses politiques avec les connaissances scientifiques. Peut-être que le Conseil fédéral devrait envisager de participer ?